Kathy Ferré

Kathy Ferré

J'AI RENCONTRE LE MIME...


Affiche du Mime Peet

* * *
 
J'AI RENCONTRE LE MIME...
 
 
J'ai rencontré Le Mime au hasard des ruelles
En la simple beauté de ses gestes-miroirs,
Fluides.
 
Mais ce jour-là, son rire d'enfant heureux 
S'était absenté pour quelques heures…
 
Je le reconnaissais pourtant
Aux pleurs de son regard, 
A ses épaules nues ployant
Sous le fardeau des destinées humaines,
Comme s'il ne pouvait plus faire un pas 
Sans souffrance…
 
De lourds sanglots montaient 
A l'assaut d'un corps sans âge…
La houle se levait en son océan intérieur.
Aux sources de son Art, il atteignait le sublime
De par la force même de son dépouillement.
 
De la main au regard, de la détresse au rire, 
La quintessence des choses prenait forme
Malgré une larme roulant sur le fard.
 
En cette éternité qui le figeait,
Il était Le Mime en son apothéose,
A la lisière du cri offert à l'épine des roses,
A l'orée de son silence, de sa propre violence…
 
* * *
 
J'ai rencontré Le Mime aux soleils ténébreux
Qu'il côtoyait artistiquement,
Tout comme il côtoyait la mort, 
Cette ombre de la vie
Attachée à nos pas, cette illusion ultime
Précipice qu'on frôle au voile de l'oubli…
 
Et lui, Le Mime, il était là qui avançait
De son pas de funambule hésitant…
Il se risquait à vaincre ses mondes intérieurs,
A en tutoyer les étoiles sombres,
Les amarrant à sa barque de lune.
 
Il allait en jouant sa vie
A chacun des battements de son cœur, 
A chaque roulement de tambour d'un ciel d'orage…
 
Il allait maintenant avec sérénité,
Ajustant son sourire au sourire des Anges,
Et je le reconnaissais encore
A ses gestes précis, ourlés, ancrés
Aux naufrages du corps…
 
Comme s'il s'agissait pour lui 
De donner aubade
Avant de disparaître, lui, 
Le magicien de la vie,
Juste avant de se laisser engloutir
Par le silence ou par la nuit.
 
Comme un dernier tour de piste, 
Quand le spectacle est terminé
Et que la lumière vacille encore, 
Ne sachant plus si elle doit rester ou partir, 
Entre désir et regret, entre urgence et absence… 
Déjà.
 
Juste avant que ne s'éteigne le dernier projecteur,
Dernier recours avant la dernière nuit de l'âme…
 
* * *
 
J'ai rencontré Le Mime
Juste avant qu'il ne meure, qu'il ne se meure
Pour avoir trop donné, pour en avoir trop dit,
Lui, l'homme du silence, 
Volubile sans un mot,
 
                              Lui 
 
                                                ... Le Mime.
 
   

Crédit photo : © Maurice Melliet -
Le Mime Marceau
 
 

  


 
 
 
 
 
 
 


14/05/2007
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