ARGILE
De l'Argile, vous êtes nées,
Sculptures au long corps d'éphèbe,
Pétries aux vents des destinées,
Arrachées au berceau de glèbe...
Sous les doigts fermes d'un sculpteur,
Ce modeleur de vies terrestres,
Vous avez vu, de son labeur,
Surgir vos corps, naître vos gestes,
Et s'il a su donner contour,
Vous prêter l'apparence humaine,
Il vous a fait don de l'Amour
De par sa sueur et sa peine
En modelant si finement
Chaque muscle, chaque attitude,
Cette mèche au reflet d'argent
Cette hanche en sa plénitude,
L'espérance d'un jour nouveau
En l'expression du visage,
Ou désespoir en son fardeau
Avec ces larmes en sillage...
* * *
De l'Argile, vous êtes nées,
Sculptures au long corps d'éphèbe,
Pétries aux vents des destinées,
Arrachées au berceau de glèbe,
Et s'il vous manque un tant soi peu
Souffle de vie, en la matière,
Vous portez tout en vous le feu,
Et la beauté, et la lumière.
Tout comme des êtres vivants,
Vous rayonnez de par le monde,
Mais hors de l'espace et du temps
Hors d'atteinte aussi, de la tombe...
En ce musée, vous reflétez
L'ambre doré sur vos épaules,
Ayant pour vous l'éternité
Et la fragilité des saules.
© Kathy Ferré